De
2005 à 2013, j’ai vécu une aventure parisienne.
Quand
tu es « provinciale » et que tu pars vivre à Paris, tout le monde te
dit « Ouhlala, tu pars à Paris, bon courage !!! Tu reviens quand
t’installer ici ? »
Et en
bonne provinciale, tu as effectivement toi aussi peur d’aller affronter cette
jungle qu’est la capitale, tu te demandes comment tu vas pouvoir conduire sur
le périph, comment tu vas gérer ton arrivée en voiture sur la place de
l’étoile, comment tu vas comprendre les panneaux dans le RER, et ton éducation
repose sur l’idée (simple & rassurante) que le parisien est un con…
Voilà,
la caricature parisienne est encrée dans ta tête, tu es sûr(e) que tu ne
pourras jamais t’adapter & t’intégrer, tu pleures intérieurement !
Mais tu gères, tu es fort(e), il le faut !
A
Paris, j’y ai donc vécu 8 ans. J’y suis allée pour vivre mon aventure
amoureuse, pour le rejoindre, lui, mon Parisien.
A
Paris, j’ai rencontré des gens plus chaleureux les uns que les autres.
A
Paris, j’ai eu des amitiés fabuleuses, des amis(es) que j’aime fort, de vrais
parisiens ou pas, des blancs, des noirs, des ouvriers, des cadres, des
techniciens, etc…
A
Paris, j’ai aussi eu des relations justes sympatiques avec d’autres, que tu
croises dans la rue, que tu reconnais, tu échanges un sourire, un bonjour,
quelques phrases banales.
A
Paris, j’ai eu des expériences professionnelles sympas et moins sympas, mais
l’avantage à Paris c’est que tu trouves relativement facilement du
travail !
Ah
oui et à Paris, nous avons fabriqué 2 petites filles, 2 petites parisiennes,
donc !...
Et
quand tu travailles, à Paris (comme ailleurs), tu dois trouver un mode de garde
pour tes enfants. Et là, tu pleures !!
Pour
nos filles, nous avons eu 2 assistantes maternelles « de référence »
on va dire, c’est-à-dire qu’elles ont gardées quotidiennement nos filles, puis
1 autre assistante maternelle qui a géré le mercredi durant une année scolaire.
Ces assistantes maternelles, elles ont été fantastiques, elles ont apportées un
vrai rôle éducatif & affectif à nos filles. Elles les aimaient et c’était
réciproque. Elles leur cuisinaient des couscous à tomber par terre, des tajines
épicés et succulents et, quand on avait de la chance, on repartait le soir avec
notre fille sous le bras et un plat rempli de couscous sous l’autre bras !
Vous
l’aurez compris, ces merveilleuses assistantes maternelles étaient pour l’une
Tunisienne, pour l’autre Algérienne, et pour la dernière Marocaine.
Quand
je vous dis qu’elles ont eu un rôle éducatif, c’est vrai, elles leur ont
inculquées la notion le respect, de politesse & de patience. Elles leur ont
offert la diversité de rencontres. J’étais éblouie devant leurs propres enfants
qui avaient une éducation respectueuse envers tous, toujours souriants et avenants.
Je me
disais alors, mais pourquoi entendons-nous si souvent dire que les Arabes sont
mal élevés, irrespectueux ? C’est faux, totalement faux !! Je me
disais que moi, « bonne française pure souche » je ne leur arrivais
pas à la cheville. Je veux que mes filles soient polies & respecteueuses,
c’est la base, mais elles ne le sont pas autant que leurs enfants à
elles ! Je dois leur rappeler cette règle régulièrement alors que les
leurs c’est acquis depuis bien longtemps !
Vous
l’aurez encore compris, j’ai un respect profond envers elles, envers leur
culture, envers leur solidarité, envers leur convivialité !
Un
jour, ou plutôt un soir, je récupère ma fille, je papote avec son assistante
maternelle, on parle religion. Et là, elle me demande si Gabrielle est baptisée.
A ce moment là, je sais que l’on s’engage dans un sujet qui va être compliqué
et que l’on ne va pas se comprendre…
Je
lui dis que non et je vois alors son visage changer, ses yeux s’écarquiller,
son inquiétude est à son comble ! Elle ne comprend pas, me dit que si on
ne croit pas en Dieu c’est mal ! Elle se demande comment ma fille va
pouvoir grandir sans avoir la culture de la religion. Que c’est grâce à Dieu
que mes filles existent, sans lui, elles ne seraient pas là. Comment
pourrait-il les protéger si elles ne prient pas ? Comment pourront-elles
accéder au Paradis ?
Je
lui explique mon point de vu, je suis baptisée mais pas vraiment croyante, pas
du tout pratiquante, que je vis très bien ainsi. Je lui explique que ma
priorité est que mes filles soient bien dans leurs têtes, dans leurs corps,
respectueuses envers autrui, qu’elles sachent faire la différence entre le bien
& le mal. Je lui explique que je ne pense pas que ce soit seulement la
religion qui leur inculque ces notions, même si cela peut y contribuer. Je lui
explique que si elles ne font pas de mal sur cette terre, alors Dieu leur
ouvrira les portes du Paradis.
Elle
n’est pas d’accord, elle pleure, je dois croire en Mon Dieu comme elle croit en
Son Dieu. Tout simplement parcequ’elle veut notre bien, notre bonheur.
Je
lui explique que je préfère avoir des enfants qui ne fassent pas de mal sur
cette terre et qui ne croient pas en Dieu plutôt que l’inverse. Toutefois, si
elles veulent y croire, cela ne me pose aucun problème !
La
conversation a été longue, l’argumentation aussi. Elle me demande alors
« mais pourquoi me demandes-tu de prier pour Sabah (qui est gravement
malade) si tu ne crois pas en Dieu ??? ». Je lui réponds :
« Ben tout simplement car je sais que vos prières sont vraies, sincères
& honnêtes. Et que je crois alors qu’elles ne peuvent être que
bénéfiques ».
Elle
ne me comprenait pas. On s’est quitté ainsi un vendredi soir. Elle pleurait.
Le
lundi, elle m’a prise dans ses bras et m’a dit qu’elle me demandait pardon de
ne pas m’avoir comprise. Elle m’a dit que je respectais tellement ses
croyances, sa religion, qu’elle n’avait pas le droit de nous juger.
Ce
lundi là, j’étais heureuse car de cette longue conversation est né la tolérance
des croyances de chacun.
Ce
message n’est pas fait pour convaincre ceux qui n’aiment pas les Musulmans, les
Catholiques et toute autre religion. Car c’est un sujet tellement sensible, je
ne m’y aventurerais pas. Alors soyez respecteux de ne pas faire de messages
désobligeants.
Ce
message est fait pour rendre hommage à cette conversation qui restera une
réussite pour moi, pour elle.
Ce
message est fait pour dire que l’on est tous différents, mais que si l’on veut
le bien alors on est tous identiques !
Avant
de publier ce message, je le lui ai fait lire. Je voulais son aval, être sûre
que je ne déformais pas nos propos, être sûre que je ne la choquais pas. J’ai
son aval !
Pour
finir, sans transition, après nos 8 années parisiennes, on a décidé de partir
vivre à Bordeaux. Quand on annoncait qu’on partait pour Bordeaux, beaucoup de
personnes nous ont dit « Ohlala, vous partez vivre à Bordeaux, bon
courage, les Bordelais sont des cons ! ». Voilà, le schéma se
reproduit ! Et les Bordelais, moi, je les trouve très sympatiques !!
Allez,
enjoy la vie !!
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